mardi 13 avril 2010

Présentation des nouveaux médias

Huffington post

Il s’agit de l’un des plus importants sites d’information aux Etats-Unis. C’est également un agrégateur de contenu. Le Huffington Post attire 26.4 millions de visites uniques par mois. Selon le site d’analyse de blogs Technorati, Huffington Post est le blog vers lequel partent le plus de liens sur Internet. Créé en 2005 par Ariana Huffington en réponse à l’agrégateur d’information conservateur « Drudge Report », le « HuffPo » est rapidement devenu un phénomène de la planète Web. Certains observateurs considèrent qu’il a contribué à l’institutionnalisation de le blogosphère en empruntant au registre des médias traditionnels, notamment dans le domaine du financement. Le Huffington Post a par exemple été l’un des premiers blogs à accueillir des annonceurs. Les contributions sur le site émanent d’un ensemble de journalistes et de chroniqueurs constants, d’une part. 3000 bloggueurs de divers horizons publient en outre sur le site. Le Huffington Post propose diverses rubriques : politique, médias, business, spectacles, etc. La stratégie actuelle de sa fondatrice consiste à développer des rubriques thématiques, ainsi qu’à créer des sections locales. Les commentaires sont ouverts à tous.


Orientation politique :


Le Huffington Post dit s'inscrire dans une lignée politique « libérale » au sens où on l’entend aux Etats-Unis, c’est-à-dire non conservatrice, « de gauche ». La fondatrice du blog, Ariana Huffington, est toutefois parfois considérée comme une « opportuniste politique». Dans les années 90, elle était intimement liée à la famille politique conservatrice. (Source : http://www.hebdo.ch/huffington_post_le_blog_qui_fait_trembler_les_38547_.html). Il s'agit ici, par conséquent, de rendre attentif au fait que contrairement aux médias dit traditionnels, il n'existe pas d'études systématiques sur l'orientation politique des blogs. Ces derniers peuvent donc affirmer ce qu'ils veulent sur leur positionnement politique.


Traitement du Tea Party


Il y a une année, Le HufPo a créé un fonds pour le journalisme d’investigation. Dans le cadre de ce dernier, une collaboration a été mise en place avec Jay Rosen, l’un des maîtres à penser du « public journalism ». Ce fait dénote une forte sympathie du HuffPo pour la pratique du journalisme citoyen. Dans le mouvement Tea Party en particulier, il est intéressant de constater que le blog se positionne comme le défenseur d’un traitement compréhensif des protestations par des outils de « journalisme citoyen ». Nous verrons comment cette façon de procéder introduit un nouveau biais dans le traitement de l’information, et ses possibles conséquences.


Nota Bene


Il nous semble important de préciser ici un élément spécifique à ce média. La quantité des informations stockées sur le serveur du Huffington Post rend impossible une analyse exhaustive des diverses contributions, même avec l’aide des tags. Nous dégagerons par conséquent, pour chaque temporalité du mouvement choisie, l’orientation générale des articles et autres posts, en sélectionnant ceux qui nous paraissent les plus emblématiques.Michelle Malkin blogMichelle Malkin est une chroniqueuse conservatrice considérée comme l’un des personnages les plus influents du Web. Le site Technorati place le blog de Michelle Malkin à la 33ème place des blogs vers lequel partent le plus de liens sur la Toile. Créé en 2004, son blog traite principalement de l’actualité politique des Etats-Unis. Il s’agit par ailleurs d’un site dont l’influence est en hausse chez les penseurs conservateurs. Sur le blog de Michelle Malkin, les commentaires ne sont admis que pour les personnes enregistrées. Les contributions de Malkin nous semblent hautement pertinentes dans l’étude du mouvement Tea Party. Elles sont en effet emblématiques de la manière dont les « nouveaux médias » permettent à un mouvement de se développer, de créer un buzz. Ce blog s’inscrit dans une mouvance politique qui soutient le Tea Party, sans en être un membre organisateur explicite et direct. Le brouillage des pistes est total. Michelle Malkin jongle habilement entre les registres, sans en signaler la nature. La chroniqueuse a en outre été l’objet de critiques du Huffington Post, qui remettent en cause son récit dominant sur le Tea Party. La controverse porte sur la nature spontanée du mouvement, que le HuffPo conteste.L’un des discours récurrents chez Michelle Malkin se situe dans la manne « anti-médias d’Etat », qui ne feraient preuve d’aucune impartialité face au mouvement conservateur. Le discours est hautement idéologisé.

Tea party


Depuis le début, Michelle Malkin est unilatérale dans son traitement du Tea Party : pour elle, il s’agit d’un mouvement des bases contre la politique libérale. Le ton est donné. Il ne fléchira pas, mais se durcira, au contraire.Le site conservateur le plus important qui a relayé le Tea Party est le Drudge Report. Toutefois, Michelle Malkin est également une Malkin a également beaucoup traité du mouvement. Le Drudge Report opère en outre dans un registre sensationnaliste, alors que Michelle Malkin, une ancienne journaliste, se veut informative. Son blog nous semble hautement pertinent à analyser, car il est emblématique de tout un pan du mouvement, relayé par des blogs et plateformes de tiers, en addition d’un traitement par des sites communautaire, comme Facebook, dont nous parlerons ultérieurement.


Facebook


Après avoir analysé un blog d’une mouvance proche du Tea Party, mais qui se dit non directement impliquée lors des débuts des protestations, il nous semble essentiel de revenir à présent sur la façon dont les groupes Facebook ont également lancé l’information. Le mouvement a effectivement utilisé massivement les réseaux sociaux, ces « nouveaux médias » : blogs, Twitter, Facebook. Les protestations ont été relayées sur ces sites communautaires. Il est toutefois difficile de savoir si ces sites témoignent réellement de la spontanéité du mouvement, d’une « avant-garde » informationnelle, ou d’un élément que les acteurs mobilisent dans leur légitimation. Pour le journaliste, la manière dont un tel mouvement utilise les « nouveaux médias » est très intéressant à analyser. Les implications professionnelles qui en découlent sont en effet importantes, tant il est essentiel de lire derrière le discours des acteurs. Le danger de reprendre ces discours comme tels est inhérent aux « nouveaux médias », tant l’absence d’intermédiation suggère à priori l’ « authenticité » de l’information.Le cas de Facebook pose en effet plusieurs questions. Le Tea Party se dit spontané, politiquement non affilié, et venant de la base. Il se trouve toutefois que pour une grande partie des pages Facebook locales, la date de création ne figure pas dans les informations ouvertes au public, ou alors ne correspond pas au début du mouvement (février 2009). Il est donc difficile de vérifier si les protestations se sont réellement mises en place « spontanément », avant d’être relayées par d’autres acteurs conservateurs. Pour s’en assurer, il s’agirait de vérifier la date de création de chaque groupe local. Or cet élément s’avère impossible. A noter également que la consultation des archives du blog du Tea Party nécessite une identification.Le groupe général, de portée nationale, a quant à lui été mis en place en mars 2009, soit après les premiers balbutiements du mouvement, relayés (ou créés ?) par des personnages politiques importants, à l’instar de Michelle Malkin. Pour analyser les temporalités du mouvement qui interviennent après les premiers balbutiements, nous nous pencherons donc sur ce groupe de portée nationale. Pour ce qui est de la « mise en place » du mouvement, nous tenterons de décortiquer quelques pages ou groupes créés à chacun des moments clé des protestations.


Le ton utilisé à propos des médias « traditionnels »

Sur le site principal Facebook des différents mouvements Tea Party , le ton se veut critique des médias « mainstream », qui ne couvriraient pas de manière fidèle ce mouvement « de la base ». Le Tea Party se veut donc le défenseur des « nouveaux médias », qui permettraient une couverture plus fidèle. Il s’agit là, à notre sens, d’un discours qui légitime l’action du « mouvement », et dans lequel les frontières entre l’émotionnel, l’information, et l’auto-promotion, sont brouillées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire